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"Familiarise-toi avec la caméra, puisque c'est le moyen par lequel tu veux t'exprimer" Erich Pommer à Fritz Lang, 1918.

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Pathé "Professionnel"

 

La Pathé Professionnel figure en bonne place dans le catalogue Pathé Consortium Cinéma en 1920.

 

 

Cette caméra peut être considérée comme la référence à partir de 1910 et pratiquement durant deux décennies. Très largement utilisée en Europe et aux Etats-Unis et grâce à ses nombreuses qualités elle a su séduire les meilleurs opérateurs et metteurs en scène du moment : Bitzer, Griffith, DeMille, Tourneur, etc. C’est elle qui a filmé de nombreuses scènes de combats de la Grande Guerre, notamment sous l’oeil d’Alfred Machin (et c’est aussi à ce moment qu’est né le Service Cinéma des Armées).
Si des records devaient être établis, la
Pathé Professionnel détiendrait celui du nombre de films muets tournés !

De gauche à droite: la nille, le compteur et le niveau à bulles.

 

Fabriquée à partir de 1908, elle fut proposée à la vente dès 1910. Ce n’est toutefois pas la première caméra construite par Pathé : deux modèles de studio virent le jour respectivement en 1903 et en 1908. Ceux-ci devinrent obsolètes dès l’apparition de la Pathé Professionnel. Entretemps Pathé avait racheté aux Frères Lumière une licence pour exploiter le mécanisme mis au point pour leur Cinématographe.

La première originalité de l’appareil est la disposition de ses deux magasins : au-dessus et en ligne. Cela laisse l’arrière de la caméra facilement accessible à l’opérateur pour les différentes fonctions de chargement/déchargement, de contrôle et pour les opérations de visée.
L’appareil se présente sous la forme d’un parallélépipède vertical. L’avant permet d’accéder à une partie du mécanisme et à l’optique. En ouvrant l'arrière, on accède à la partie "chargement". Un seul tambour-débiteur en partie haute sert pour le déroulement et l'enroulement du film. La pellicule vierge vient du magasin avant (côté gélatine tourné vers l'avant). Une fois engagé dans le tambour, la pellicule fait une première boucle, puis est engagée dans le couloir et les griffes. En remontant la pellicule vers le tambour, on forme une deuxième boucle. La pellicule impressionnée peut alors rejoindre le magasin récepteur.

Le mécanisme est d’une grande précision et permet une excellente stabilité de l’image : le couloir qui guide la pellicule est long et comporte de chaque côté des réglettes verticales montées sur ressort, ce qui permet le passage de films de largeurs irrégulières. Ce système assure ainsi une parfaite tenue du film lors de son passage dans le couloir et empêche tout déplacement latéral. L’obturateur est variable et comporte deux pales mobiles. La manivelle est placée à l’arrière dans un axe parallèle à l’objectif (vitesse normale, image par image et marche arrière). Un poinçon permet de “marquer” les scènes. Les objectifs sont fournis par Voigtländer (Héliar) ou Tessar-Krauss.
Il est possible de voir directement la scène sur le film ou via le viseur de côté. On note aussi la présence d’un compteur, d’un niveau à bulles (deux directions), d’un système de fondu automatique par obturateur, d'une fente pour cache.
Toutes les parties mécaniques sont répertoriées et peuvent donc être changées.
Cette caméra a été appréciée des professionnels par les différentes adaptations possibles, notamment sur sa face avant.

 

Respectivement:

- la face avant de la Pathé Professionnel: on distingue l'objectif, l'obturateur et une partie du mécanisme;
- la partie arrière de la caméra: on distingue le long couloir de chargement et en haut la fenêtre d'impression;

- détails sur le couloir d'impression, on distingue la fenêtre et en dessous les griffes, on aperçoit les réglettes mobiles sur les côtés;

- le film positionné dans le couloir (photos: ©JFPB).

 

Principales caractéristiques:
- construction : à partir de 1908 ;
- format du film : 35 mm;
- dimensions (hors magasins):
30 × 20 × 12 cm.; poids : 7,6 kg;
- magasin
 : 20 × 19 × 6 cm ;
- corps en bois recouvert de maroquin noir ;
- mécanisme : dérivé du mécanisme Carpentier-Lumière avec double excentrique ; acier et bronze ;
- couloir avec réglettes latérales extensibles ;
- un débiteur situé à la partie supérieure ;
- objectif de 51 mm. Héliar ouvert à f/4,5 ;
- mise au point sur dépoli placé sur le couloir ;
- fondu automatique par diaphragme ;
- obturateur à 2 pales situé derrière l’objectif;
- compteur de métrage à
l’arrière de l’appareil et au-dessus de la manivelle ;
- possibilité de viseur clair sur le côté ;
- magasins de 120 m ;
- perforateur pour séparer les différentes scènes.

 

 

Filmographie (liste non exhaustive) :

 

Les films tournés par la Pathé Professionnel étant extrêmement nombreux, nous nous bornons ci-dessous à quelques exemples
- quasiment tous les films tournés au Studio Pathé à Vincennes ! (entre autres exemples : Les Débuts de Max au cinématographe de Louis J. Gasnier et Max Linder, 1910)

— La Danse héroïque, 1913, René Leprince, Ferdinand Zecca

— LaMare au diable, 1923, Pierre Caron
- L’Auberge rouge, Jean Epstein, 1923 ;
- Koenigsmark, Léonce Perret, 1923 ;
- Hearts Aflame, Reginald Barker, 1923 (jusqu’à 21 caméras mais 1 seule Pathé Professionnel perdue au milieu des Bell Howell ) ;
- films avec Ben Turpin (production des studios Keystone-Sennett) ;
- films avec Rigadin (productions de Pathé) ;
- Naissance d’une nation (Birth of a nation), D. W. Griffith, 1915 ;
- Intolerance, D. W. Griffith, 1916 ;
- À travers l’orage (Way down East), D. W. Griffith, 1920 ;
- The Squaw man, Cecil B. DeMille, 1914 ;
- sur les champs de bataille 1914-1918, opérateur : Alfred Machin ;
- la Pathé Professionnel joue au côté de Buster Keaton dans Hollywood Cavalcade d’Irving Cummings 1939) ;
- elle apparait aussi dans La grande farandole (The story of Irene and Vernon Castle) de Henry C. Potter avec le couple mythique Ginger Rogers et Fred Astaire (1939). On distingue aussi une Bell Howell 2709.

 

Hollywood Cavalcade d'Irving Cummings (1939) (© Paramount).

 

La grande farandole (The story of Irene and Vernon Castle) de Henry C. Potter (1939) (© RKO).

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