L’Olikos fait partie de la famille de ces premiers appareils qui s’appuyaient sur une bonne idée, mais qui allait se révéler très vite mauvaise… Avec à la clef, très peu, voire pas, de réussite commerciale.
Les raisons ? Soit l’appareil était peu pratique et/ou encombrant à l’usage (appareils généralement destinés à des amateurs), soit le fonctionnement ne donnait pas les résultats espérés. Plus souvent, il se trouvait “dépassé” dès sa conception au pire, à sa commercialisation au mieux.
L'Olikos prêt à fonctionner ! (photo: ©JFPB)
La bonne idée de départ pour l’Olikos consistait à utiliser des plaques photographiques au format 6,5 x9 en lieu et place du film. On voit l’intérêt : à cette époque, les films étaient très inflammables, donc très dangereux (la notice de présentation ne manque pas de le souligner), et le public visé pour cet appareil était le public des amateurs déjà familiarisé avec le développement photographique (parmi les accessoires prévus : panier à développement et cuves appropriés). Les plaques offraient aussi plus de résistance que les films et étaient moins onéreuses. De plus, comme d’autres appareils de l’époque, l’Olikos se transformait facilement en projecteur : il suffisait de placer à l’arrière une lanterne. Donc faire du cinéma sur plaques photographiques !
L’appareil a été fabriqué par la SCP (Société des Plaques de Cinéma – Paris) et un premier brevet a été déposé le 11 août 1908 qui précise : “Cette invention est relative à un appareil cinématographique avec lequel les vues successives sont obtenues sur des plaques photographiques ordinaires, celles-ci étant divisées en autant de rectangles que sa surface peut contenir de vues, ledit appareil permettant ensuite de projeter ces vues animées sur un écran.” Deux additifs (9 mars 1911et 14 mai 1912, n° 11697 et 12245) viendront compléter cette invention (il a bénéficié des dispositions d'un autre brevet du 9 mars 1911 demandé par H. Sironi sous le n° 438244). L'appareil a figuré dans le catalogue de la Manufacture française d'armes et cycles de Saint-Etienne.
L'idée n'était pas neuve: un Cinématographe à plaques avait été imaginé et construit par W. Schmidt et A. Christophe à la fin des années 1890. Et il semblerait que ce principe de plaques soit repris (inspiré ?) du Cinématographe Bettini qui utilisait des plaques de 13 × 16 cm et qui prenait 36 lignes de 16 vues. Un autre appareil, le Cinéphote prenait des vues sur un disque (soit sur une seule circonférence, soit en spirale).
La notice de présentation indiquait que cet appareil trouverait des applications dans les domaines des voyages, des conférences et de l’enseignement…
Extrait du Manuel
Fonctionnement:
La caractéristique principale repose sur la combinaison d'un chariot mobile portant les plaques avec un tambour muni à sa périphérie d'une came (formant une rampe hélicoïdale d'un demi-pas à droite et d'un demi-pas à gauche) constituant un chemin continu entraînant le chariot alternativement de gauche à droite à droite et de droite à gauche; l'avancement en est produit par intermittences séparées par un arrêt déterminé, ceci étant obtenu par un levier en forme d'ancre solidaire du galet entraineur, agissant en combinaison avec une crémaillère; celle-ci est constituée de manière que le chariot reste mobile pendant une demi-oscillation du levier produite par l'entrainement du galet de la came, tandis que, pendant l'autre demi-oscillation du levier, le chariot avance en même temps que le galet; cependant la vitesse est telle que le chariot rattrape son retard sur ledit galet dû à sa période d'immobilisation, ce déplacement correspondant à la largeur d'une vue (in Bulletin de l'AFITEC, n°24 pages 7-8)
En tournant la manivelle, l’appareil enregistre les images sur les plaques de cette manière : d’abord une 1ère rangée en haut et de droite à gauche, puis sur une 2e rangée (en dessous de la 1ère) de gauche à droite, ainsi de suite jusqu’à obtenir 84 photogrammes par plaques. Soit environ 5 secondes de prise de vues.
La 1ère plaque complètement impressionnée est automatiquement remplacée par une autre plaque qui fait le même mouvement (théoriquement sans interruption). La capacité maximale étant de 18 plaques, le cinéaste peut filmer en continuité une scène d’à peine 2 minutes (soient 1512 images). Il en est de même à la projection. Rédhibitoire.
Avec le système “film traditionnel ”, si la caméra est limitée en durée de prise de vues, il n’en est pas de même à la projection puisque l’on peut ajouter des scènes les unes aux autres pour atteindre des durées de projection importantes…
Le chargement devait, bien évidemment, s’effectuer dans une pièce complètement noire. L’appareil devait être monté sur un pied, car le mécanisme entraîné par la manivelle offrait un peu de résistance et, par son mouvement, l’opérateur pouvait engendrer quelques trépidations…
Pour la projection, il fallait enlever le diaphragme et changer l’obturateur qui avaient servi à la prise de vues.
Le fabricant proposait de tirer les plaques sur film : “Pour obtenir la même durée de projection qu’avec les 18 plaques il faut 50 mètres de films à 1 franc le mètre.”
Les 2 photos ci-dessus montrent successivement l'intérieur de l'appareil:
- la fenêtre et l'obturateur;
- le cylindre qui, en tournant, fait glisser le porte-plaques. (photos: ©JFPB)
Caractéristiques techniques:
18 plaques photographiques de 6,5 × 9 cm
hauteur : 22,5 cm
largeur : 18 cm
profondeur : 14 cm
poids : 2,3 kg (chargé des 18 plaques)
Extrait du Manuel
Filmographie:
Probablement quelques scènes familiales. Pour le reste, le mystère est entier.