Extrait de la brochure du Cinex
C’est ainsi que se présente le Cinex des Etablissements Bourdereau sur la brochure qui lui est consacrée.
Fabriqué par les Etablissements Bourdereau (rue de Belleville à Paris) à partir de 1920 (pour un premier appareil), le Cinex se veut d’une utilisation simple (ce qu’il est effectivement).
Au format professionnel de 35 mm. il est destiné aux « industriels et ingénieurs (…), photographes (…), touristes (…), familles (…), sociétés sportives (…), propriétaires de cinémas, théâtres » et se présente « comme le compagnon indispensable de l’explorateur, du géologue, du géographe et de l’amateur." !
Le Cinex “ratisse” large, mais cela ne semble pas usurpé !
Extrait de la brochure du Cinex
Les Etablissements Bourdereau
Alphonse Bourdereau (1887-1962) a fondé en 1920 la société qui porte son nom qui est plus particulièrement connue pour avoir créé la caméra Cinex.
Mécanicien de formation, Alphonse Bourdereau débute comme ajusteur chez Gaumont. C’est en 1920 qu’il reprend une société de mécanique de précision, Hereng & Cie alors en liquidation judiciaire. Associé dans un premier temps à un homme d’affaires, René-Albert Piquois, l’entreprise se fixe pour but de fabriquer des machines à développer et du matériel cinématographique (projection).
En 1922, la société dépose un brevet (délivré en mai 1923) pour une caméra : Le Mignon. S’ensuit un autre dépôt en juin 1923 pour un autre appareil combinant caméra et projecteur : Le Cinex.
Et il se trouve que, grâce à ses qualités propres, l’appareil trouve un écho dans l’armée de l’air : c’est avec la complicité d’un capitaine, Germain Petitot, officier mécanicien photographe qu’est développé un système de support amortisseur pour prises de vues aériennes. D’autres systèmes d’amortissements verront le jour ainsi qu’une astucieuse poignée de motorisation.
Les Etablissements Bourdereau développeront également des appareils photographiques (l' Enéo et le Fotfilm appelé aussi Enofilm), des projecteurs, des machines à développer, des sécheuses, des caméras (Ad'Hoc qui désigne une gamme professionnelle alors que le Cinex est une gamme dite portative), des caméras à grande vitesse, à défilement continu (1000 images/seconde, ca. 1955), caméra Opticolor (ca. 1946), caméra 65 mm. (ca. 1950). Il y aura aussi quelques incursions dans le domaine du son (magnétophone Magnefonic, tourne-disques notamment).
(source: "Les fondamentaux n°82, Alphonse Bourdereau", Etienne Gérard, Club Nièpce Lumière, mars 2022)
Le Cinex
Un premier appareil à manivelle avait précédé celui présenté ici (brevet déposé le 19 juin 1922 et délivré le 15 mai 1923). Ce dernier modèle est en aluminium bouchonné du plus bel effet. Construction simple, mais réussie.
La pellicule est mue par une griffe à double dent (2 perforations en prise) positionnée sur un côté (il n’y a pas de contre-griffes). Un tambour unique assure des boucles débitrice et réceptrice constantes à la pellicule. Le maintien du film est assuré par un couloir presseur dont la partie supérieure est amovible grâce à un dispositif à ressort. La visée se fait par le dessus par une lunette de type “Galilée” et qui se replie. L’autre partie de la visée, une pièce métallique en forme d’œilleton, étant dépendante du magasin de film. La mise au point se fait par un verre dépoli. L’appareil comporte un compteur de mètres et d’images. Un perforateur permet de marquer la pellicule (une facilité pour le repérage au toucher en chambre noire par exemple).
L'intérieur de l'appareil et détail sur la griffe double (photos: ©JFPB )
Mais c’est la version « électro-automatique » qui est la plus intéressante. Un petit moteur électrique en 12 volt (batterie portative) vient se fixer par l’avant. Deux poignées (avec interrupteur dans la poignée droite) de type « guidon de vélo » permettent à l’opérateur de manipuler avec une grande facilité la caméra, système avant-gardiste s’il en est pour l’époque ! Rappelons que nous sommes dans les 1920…
Outre la prise de vues (comprise la prise de 52 photographies par mètre de pellicule), l’appareil pouvait aussi tirer et agrandir moyennant des dispositifs complémentaires. L’appareil idéal ?
Caractéristiques techniques :
— format : 35 mm.;
— dimensions : 15 x 13 x 7 cm (boitier proprement dit) ;
— poids : 2 kg.; 5 kg avec moteur et magasin ;
— viseur : type Galilée sur le dessus, rabattable ;
— compteurs : métrique et image/image
— magasins : 60 m. dans boitier externe ;
— objectifs : F=50 mm, f : 1/3,5 ; monture hélicoïdale ;
— obturateur : double et réglable (0° / 210°)
— griffes : 1 griffe double (pour 2 perforations) sur un côté
— perforateur pour repérer des moments précis sur la pellicule ;
— moteur externe 12 V (batterie portative séparée de 6,5 kg.) ;
— quelques accessoires : système de fixation pour prise de vues aérienne ; pied plate-forme ; tireuse ; agrandisseur ; sac cuir…
Extrait de la brochure du Cinex
Filmographie :
— acrobaties aériennes réalisées par l’aviateur Marcel Doret ;
— Miss Helyett (1927), Georges Monca et Maurice Kéroul ; Cinex en seconde caméra (?) ;
— Une femme a passé (1928), René Jayet ; Cinex en caméra annexe (cf. illustration ci-dessous) ;
— Voyage en Angola (1929), Marcel Borle (mission scientifique suisse en Angola)
— Caïn, aventures des mers exotiques (1930), Léon Poirier ;
— Monte-Cristo (1929), Henri Fescourt ;
— Autour de L’Argent (1928), Jean Dréville (documentaire sur le film de Marcel L’Herbier, L’Argent) ;
— La Bataille du rail (1946), René Clément.
...
Une femme a passé de René Jayet (1928) avec Suzanne Talba (à gauche). Un Cinex dans les mains du directeur de la photo Robert Legeret (accroupi) et aux côtés de deux Debrie Parvo et un Cameréclair (photo X, collection particulière).